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Critique de Karl Marx sur les droits de l'Homme

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Les droits de l'homme selon le Marxisme


par: Éric Engle


Nous allons considérer les droits de l'homme dans le contexte des pays à économie planifiée. La comparaison nous semble pertinente au regard de cette remise en cause de la conception libérale de la relation entre l'individu et la propriété - tout en gardant l'idée de la valeur fondamentale de toute personne[1].

Pour le marxisme, les libertés dans les démocraties libérales sont de caractère illusoire et sont déterminées en fonction de leur efficacité à exploiter les travailleurs. De plus, selon le marxisme, la valeur individuelle défendue par le régime libéral est la valeur marchande.

Notre analyse va s'attacher à considérer la critique marxiste de la conception libérale des droits de l'homme, et plus particulièrement le fait que ces droits ne seraient qu'une auto-légitimation de la part du système capitaliste - inégalitaire sur le plan pratique.

A. Critique marxiste des Droits de l'Homme

La critique marxiste des droits de l'homme est radicale[2]. Seul le fascisme a rivalisé avec une telle remise en cause de l'idée des droits fondamentaux des individus[3]. Pourtant, il serait inexact d'assimiler le fascisme au marxisme, même s'ils sont également déterministes - seulement, pour Marx, l'Histoire est déterminée par une dialectique matérielle, alors que pour les fascistes, l'Histoire est déterminée par une lutte de races - plutôt que de classes.

Ainsi, le fascisme repose sur une hypothèse raciale inégalitaire ; par contre, le marxisme repose sur une égalité normative. D'ailleurs, la critique marxiste des États libéraux repose sur le respect de la personne. En revanche, le fascisme critique l'État libéral pour son incapacité à affirmer certaines vertus martiales.

Enfin, la critique marxiste des droits de l'homme est nuancée[4], et mérite à ce titre d'être considérée. En outre, la position marxiste n'est pas un refus absolu des droits de la personne, mais se présente plutôt comme une relativisation de ces droits par rapport à la lutte des classes - et l'historicisme matérialiste.

De façon rapide, on pourrait dire que la critique marxiste affirme que les droits et les libertés individuelles des démocraties bourgeoises ne seraient qu'illusoires, vides de signification et purement formelles[5]. En effet, la classe ouvrière, manquant de moyens économiques et intellectuels afin de faire respecter ses droits, serait victime d'un jeu de "passe-passe"[6], où les principes d'égalité et de légalité - en théorie - masqueraient la réalité des inégalités de fait ; ces inégalités seraient le reflet de la lutte sociale entre les différentes classes. Ainsi, selon Marx, supprimer les différences de classes serait le début de la fin de l'inégalité et le commencement de la réalisation de la personne. La critique de Marx se réfère spécifiquement à l'exemple français :

« Avant tout, nous constatons que les droits dits de l'homme, les droits de l'homme par opposition aux droits du citoyen, ne sont rien d'autre que les droits du membre de la société bourgeoise, c'est-à-dire de l'homme égoïste, de l'homme séparé de l'homme et de la collectivité.
(…) L'égalité, prise ici dans sa signification apolitique, n'est que l'égalité de la liberté décrite plus haut, à savoir que chaque homme est considéré de façon équivalente comme une telle monade reposant sur elle-même. La constitution de 1795 définit le concept de cette égalité, conformément à son importance, de la manière suivante :
Art. 3. (Constitution de 1795). “L'égalité consiste dans le fait que la loi est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse”.
La sûreté
Art. 8. - (Constitution de 1795). - “La sûreté consiste dans la protection accordée par la société à chacun de ses membres pour la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés”.

La sûreté est le concept social suprême de la société bourgeoise, le concept de la police, selon lequel toute la société n'est là que pour garantir à chacun de ses membres la conservation de sa personne, de ses droits et de sa propriété. En ce sens Hegel appelle la société bourgeoise l'“État de nécessité et de l'entendement” »[7]

Ainsi, la critique de Marx est une condamnation globale du régime libéral[8]. Pour lui, ce régime serait soucieux de la protection des intérêts capitalistes, en ignorant ceux des travailleurs[9]. Selon les marxistes, l'idée de liberté serait une construction de la société - et pour la société - selon certaines conditions matérielles.

« Hegel fut le premier à représenter exactement le rapport de la liberté et de la nécessité. Pour lui, la liberté est l'intellection de la nécessité. « La nécessité n'est aveugle que dans la mesure où elle n'est pas comprise ». La liberté n'est pas dans une indépendance rêvée à l'égard des lois de la nature, mais dans la connaissance de ces lois et dans la possibilité donnée par là même de les mettre en oeuvre méthodiquement pour des fins déterminées. Cela est vrai aussi bien des lois de la nature extérieure que de celles qui régissent l'existence physique et psychique de l'homme lui-même - deux classes de lois que nous pouvons séparer tout au plus dans la représentation, mais non dans la réalité. La liberté de la volonté ne signifie donc pas autre chose que la faculté de décider en connaissance de cause. Donc, plus le jugement d'un homme est libre sur une question déterminée, plus grande est la nécessité qui détermine la teneur de ce jugement.

La liberté consiste par conséquent dans l'empire sur nous-mêmes et sur la nature extérieure, fondé sur la connaissance des nécessités naturelles ; ainsi, elle est nécessairement un produit du développement historique ; mais tout progrès de la civilisation était un pas vers la liberté »[10].

Ainsi, la critique marxiste est relative, reconnaissant que - dans le développement historique - la protection limitée des droits de la personne dans le système de production capitaliste est malgré tout supérieure au stade féodal précédent[11]. Cependant, selon lui, pour atteindre une étape plus évoluée dans la civilisation, il faudrait supprimer les relations "propriétaires" et les remplacer par des relations humaines.

Nous pouvons noter que la critique marxiste des droits de l'homme se réduit en partie à une critique du droit de la propriété. Loin d'être le moyen par lequel s'exerce la liberté, le marxisme voit la propriété privée comme le mécanisme définitif de l'oppression et une source de séparation entre les hommes[12]. La résolution de ces inégalités serait une révolution destinée à la mise en oeuvre d'une dictature temporaire du prolétariat comme étape vers la disparition de l'État, et son remplacement par la société[13].

En ce qui nous concerne, cette critique - que les "droits de l'homme" sont vides de signification en pratique et qu'ils cachent mal les inégalités de fait par une égalité juridique - nous semble partiellement correcte[14]. La réponse de ceux qui défendent les démocraties libérales est qu'un droit théorique est la panacée ; et que si les démocraties libérales sont mauvaises, les régimes marxistes sont pires[15].

Pour analyser la justesse de cette critique (considérée dans notre conclusion), il importe de présenter quelques concepts fondamentaux du marxisme, et, ensuite, de définir la conception des droits de la personne au regard de la théorie marxiste.

B. Conception marxiste des droits de la personne en théorie

Une idée centrale du marxisme est que l'Histoire suivrait un développement progressif selon des stades successifs. Ce progrès conduirait à une amélioration de la vie des personnes par le développement de nouvelles technologies (relations de production). En outre, le moteur de ce processus dialectique[16] entre la passé et l'avenir serait la lutte sociale, et plus particulièrement la lutte des classes. Ce progrès, plutôt que tiré vers des finalités idéalistes (le cas des hégéliens) serait poussé par des forces matérielles (forces de production).

Ce matérialisme historique implique l'abandon d'une conception jus naturaliste et métaphysique de la nature humaine[17]. Ainsi, nous considérons le marxisme comme un positivisme normatif avant l'établissement du communisme anarchique. Avec ce fondement, nous pourrions analyser les régimes juridiques transitoires pour le communisme, construits par cette pensée antinomique.

C. Conception marxiste des droits de la personne en pratique

Notre analyse se dirige maintenant vers la pratique des droits de l'homme dans les pays marxistes. Nous allons examiner unnombre surprenant de parallèles entre les deux systèmes, respectivement marxiste et capitaliste. Ceci pourrait être le résultat d'un relativisme moral conduisant à un volontarisme pur, et le fait que la valeur de progrès économique est une valeur commune aux deux systèmes.


Comme dans les démocraties libérales, les droits de l'homme dans les dictatures prolétariennes sont relatifs[18], et soumis au principe de légalité[19] ; de même, dans les démocraties libérales, les droits appellent des devoirs réciproques[20]. Cependant, à la différence de la pensée libérale, le marxisme est collectiviste ; ainsi, la pratique des régimes marxiste respecte davantage les droits collectifs qu'individuels[21] - ces derniers étant subordonnés aux besoins collectifs[22].

Ainsi de façon symétrique - mais avec une téléologie différente - des mécanismes juridiques (volontarisme judiciaire[23]) ont été mis en oeuvre dans les dictatures prolétariennes afin de garantir des normes d'un caractère général et abstrait, ayant ainsi une certaine valeur universelle de légitimation.

Ces parallèles démontrent que les questions de volontarisme et de relativisme sont à placer au-delà du système économique. Ainsi peuvent être érigés des totalitarismes au nom du peuple, du chef, ou de l'argent. Pour cette raison, notamment, on peut noter un scepticisme contemporain face aux projets de transformation politique et économique dont les idées utopiques semblent être épuisées.

D. Conclusion : Critique libérale des régimes marxistes

En conclusion, nous pourrions dire que les démocraties libérales ont pu réclamer davantage de "liberté" et les démocraties socialistes plus d'"égalité" - au niveau de la défense des droits de l'homme. Enfin, la lutte entre ces deux systèmes porte sur la différence fondamentale entre égalité de fait et égalité juridique.

L'une des critiques libérales[24] du marxisme est le fait de prolonger la dictature du prolétariat à une période indéfinie[25]. La réponse de la part du marxisme est que les dictatures du prolétariat[26] ont réussi à mettre en oeuvre une sorte de rechtstaat, la légalité socialiste[27]. Hormis les excès staliniens, cette affirmation est de fait largement correcte - précisément près Khrustchev.

Une autre critique portant sur le marxisme[28] est sa subordination de la liberté au service de son idéologie, et le monopole du parti communiste sur le pouvoir[29].

La critique économique de ces régimes est d'ordre pratique : le fait qu'une vision collectiviste[30]ignore la motivation du profit, et n'est pas réaliste. Dans son rôle élargi de producteur, l'État - qui ne pouvait pas disparaître face à l'existence des régimes capitalistes - ne pouvait s'appuyer que sur l'idéalisme des travailleurs (Stakhanovisme) ou sur le travail (forcé).


Par ailleurs, aussitôt que le marxisme a été perçu comme une oppression collective de l'individu - plutôt qu'une force pour sa libération - la force morale de légitimation de cette idéologie a été perdue - et ainsi sa capacité d'expansion. En effet, une idéologie universaliste de libération qui ne libère pas perd de sa puissance de légitimation. Ainsi, l'expérience du marxisme soutient une partie de nos affirmations sur la légitimation des régimes politiques par les droits de l'homme.

Il reste à voir, dans le monde post-communiste, les nouvelles limites de l'État et de l'individu dans le domaine de la "propriété", ainsi que la capacité à intégrer des sociétés diverses dans un ordre mondial basée sur les réseaux informatifs et les nouvelles technologies.

Enfin, notre justification pour l'étude d'un système juridique semblant obsolète est la possibilité qu'il revienne dans l'Histoire.

Ainsi, on pourrait déceler historiquement des cycles faisant alterner dans le temps collectivisme et individualisme ; ces tendances se manifesteraient par la nationalisation et la privatisation. Dans cette même perspective, la tendance actuelle serait la privatisation et l'individualisme. Dans l'éventualité de l'existence fondée de ces cycles historiques, on assisterait éventuellement au retour de la collectivisation et de la nationalisation.

Ainsi, nous pourrions tenter de mesurer - du moins partiellement - l'amplitude de ces cycles, ce qui nous semble montrer de nouvelles voies de recherche.


Voir aussi

Notes et références

  1. Ainsi la distinction avec le fascisme, qui affirme que le valeur humaine des maîtres et qui ne pose pas la question des relations du propriété.
  2. Cf. Leclercq, Claude, Libertés Publiques. Paris : LITEC (1994), p. 17. « C'est à Marx et Engles que l'on doit les plus virulentes critiques contre la théorie des droits naturels de la personne. La doctrine marxiste (v. notamment le Manifeste communiste de 1847) rejette absolument et catégoriquement la notion de droits individuels considérés comme des limites au pouvoir étatique. Fondée sur la lutte des classes qui serait le moteur de l'histoire, la doctrine marxiste affirme que la notion de droits individuels abstraits marque le pouvoir de la classe dominante sur les classes dominées ... seul le régime collectiviste permet, pour les auteurs marxistes, la mis à disposition des citoyens des moyens propres à la réalisation des libertés ».
  3. Cf. Rivero, Jean, Les Libertés Publiques, PUF Themis, Paris : 1974 P. 126, à propos des droits de la personne dans les démocraties socialistes « les critiques les plus radicales ...des « droits naturels » : celle des fascismes, déniant toute valeur à la personne humaine en tant que telle, et à la liberté...[et] celle du marxisme, hostile à la transcendance des droits naturels, et à leur indépendance à l'égard du mouvement de l'histoire ».
  4. Cf. Colliard, Claude-Albert, Libertés Publiques. Paris: Dalloz, 1989. p. 39, « Les idéologies fascistes sont destructrices et contemptrices des libertés. Le marxisme dans sa philosophie, l'URSS, postérieurement à l'époque stalinienne, les démocraties populaires modernes font place à des libertés qui sont d'un type différent de celui des démocraties libérales classiques ».
  5. Cf. Vincesini, Jean-Jacques, Le Livre des Droits de l'Homme. Éditions Robert Laffont (1985), p. 186 « Pour les marxistes, ces libertés sont essentiellement “formelles” au sens où elles seraient vides de toute substance réelle, et donc, de pure forme. ».
  6. Cf. Roche, Jean et Pouille, André, Libertés Publiques, Éditions Dalloz, Paris : 1997, p. 11
    « Libertés formelles, libertés réelles.
    ...Critique marxiste accusant les libéraux d'avoir hypocritement proclamé des droits et libertés dont la masse des citoyens ne peut jouir effectivement, n'ayant pas les moyens matériels ou intellectuels pour les mettre en oeuvre.
    ...La liberté doit commencer par la libération matérielle : satisfaire d'abord les besoins par l'élévation du niveau de vie - priorité aux droits sociaux - et la reste sera donné par surcroît.
    Les régimes communistes ont toujours dénoncé les libertés « bourgeoises » comme formelles et prétendu (et prétendent encore pour la Chine ou la Cuba) donner à leurs ciroyens des libertés réelles en leur fournissant les moyens matériels ou intellectuels de réaliser leur liberté ».
  7. Marx, Karl, La Question Juive, 1844, trad. M. Simon, éd. bilingue Aubier, 1971, p. 109
  8. Cette conception [marxiste de le droit de l'homme] conduit nécessairement à la condamnation de celle qui s'affirme dans la Déclaration de 1789. Selon l'analyse marxiste, les droits de l'homme de la Révolution ne sont que le reflet de l'avènement de la classe bourgeoise. Sous le voile de l'universalisme, ils sont un moment de l'histoire, les armes dont se dote la bourgeoisie pour arracher le pouvoir à l'ancienne aristocratie, et asseoir sa domination sur le peuple. D'où l'hypocrisie fondamentale qui affecte la Déclaration L'universalisme des formules, en effet, peut donner, à ceux qui sont économiquement en état d'oppression, l'illusion qu'ils sont libres et, par là, leur ôter la conscience de leur servitude. En réalité, les droits théoriquement reconnus à tous n'ont de contenu réel que pour les possédants, qui disposent des moyens économiques de les mettre en oeuvre. Pour les autres, ils définissent des pouvoirs purement abstraits, dont, faute de ressources, ils ne peuvent se servir. Les libertés traditionnelles ne sont donc, selon le marxisme, que des libertés formelles, privées, pour le plus grand nombre, de tout contenu réel et, par là, des privilèges de classe. cf. Colliard, Claude-Albert, Libertés Publiques. Paris: Dalloz, 1989. p. 39 et Vincesini, Jean-Jacques, Le Livre des Droits de l'Homme. Éditions Robert Laffont (1985). p. 188.
  9. cf. Roche, Jean et Pouille, André, Libertés Publiques, Éditions Dalloz, Paris: 1997, p. 26:
    « les droits proclamés en 1789 étaient à la fois excessifs et insuffisants.
    a) Excessifs dans la mesure ou ils faisaient systématiquement prvaloir l'individu sur la société ; générateurs d'injustice lorsque les citoyens les plus favorisés en jouissant dans leur plénitude au détriment des déshérités (liberté réelle pour les premiers, liberté formelle dégénerant en frustration pour les seconds).
    b) Insuffisants car ils n'accordaient à l'homme qu'une protection médiocre ou même nulle dans sa condition de père de famille, de travailleur, “d'homme de tous les jours”, pourrait-on dire ».
  10. Engels, Friedrich, Anti-Dühring, Paris, Éd. Sociales, 1963 Trad Bottigelli, p. 146
  11. Cf. Rivero, Jean, op. cit. p. 88, « Dans la perspective dialectique... les droits de l'homme marquent un progrès par rapport à la période précédente ».
  12. Cf. Pontier, Jean-Marie, Libertés Publiques, Paris : Éditions Hachette, 1997, p. 136,
    le marxisme considère la propriété privée des moyens de production comme la source de l'aliénation des hommes, et préconise donc sa suppression afin de libérer ceux-ci.
    ...certains libéraux eux-mêmes vont contester le droit de la propriété, considérant que la propriété a, avant tout, une fonction sociale.
    ...la constitution de 1946, qui s'inscrit dans une perspective interventionniste et fortement empreinte d'idéologie, paraît opérer un renversement historique en affirmant : « Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.
    Le caractère « absolu » du droit de propriété ne paraît plus défendable, ce droit n'étant qu'un droit relatif fonction des exigences de l'intérêt général, lui-même variable selon les moments. Mais, en 1982,le droit de propriété se voit reconnaître valeur constitutionnelle.
  13. Cf. Roche, Jean et Pouille, André, op. cit. p. 26
    « 1. Les libertés de 1789 sont liées au régime capitaliste, ce sont les libertés des riches.
    2. Il faut renverser le régime capitaliste corrumpu pour construire la société communiste.
    3. Dans la société communiste, l'homme sera pleinement libre car il n'y aura plus d'Etat oppresseur, il n'y aura plus pénurie génératrice d'inégalités et de guerres mais égalité, abondance et bonheur des hommes.
    4. Les causes d'aliénation ayant disparu, l'homme connaîtra son plein épenouissement et donc la vraie liberté.
    5. La grande marche vers le communisme suppose une longue étape dans l'État socialiste ou l'homme jouit de droits nombreux mais « conformés » à l'idéal qu'il doit atteindre.
    ...La déclaration du PCF sur les libertés de mai 1975, au contenu fort riche, affirme que la liberté est un mot vide de sens pour la quasi totalité de la population et que ce sont les masses qui créent leu propre liberté. »
  14. Colliard, Claude-Albert, Libertés Publiques. Paris, Dalloz: 1989, p. 37, « Dans la critique par les auteurs soviétiques du caractère abstrait des libertés publiques des régimes libéraux traditionnels, il y a certainement une part de verité »
  15. Ce terme vient du québecois et il est plutôt favorisée par des éléments féministes influencées par la pensée marxienne, bien qu'il y ait des différences théoriques substantif entre le féminisme et le marxisme (la question des femmes ayant souvent priorité sur la lutte de classe chez certaines féministes)
  16. « De plus, le marxisme est un matérialisme historique. Il considère que l'homme et la société sont, à chaque moment, le reflet et le produit de l'histoire et du mouvement dialectique qui l'anime. Dans cette perspective, l'existence de droits permanents, donnés une fois pour toutes, et soustraits au mouvement de l'histoire, est évidamment inacceptable. Comme tout l'appareil juridique, les « droits de l'homme » ne sont que le reflet des infrastructures économiques, l'expression du pouvoir de la classe dirigeante, et le moyen pour elle d'imposer sa domination aux classes exploitées », Rivero, Jean, op. cit., p. 87-88.
  17. « Le marxisme est un matérialisme. Dès lors, l'existence d'une « nature de l'homme», transcendante, abstraite, et métaphysique, se heurte nécessairement à son refus, dans la mesure où elle échappe à toute constation scientifique », cf. Rivero, Jean, op. cit. p. 87-88
  18. « droits et libertés onst subordonnées à une certain finalité qui définait leurs limites. ...La liberté de la parole, de la presses, des réunions... est garantie “afin de consolider et de développer le régime socialiste” ». (Rivero, Jean, op. cit., p.92)
  19. « les libertés soviétiques... ne peuvent s'exercer qu'à l'intérieur et au service de l'ordre imposé par le pouvoir », ibid
  20. « Droits et libertés sont «inséparables de l'exécution des devoirs des citoyens ». ibid. p. 92
  21. Colliard, Claude-Albert, op. cit., p. 36, « la doctrine marxiste répudie l'existence de droits individuels considérés comme des limites intangibles du pouvoir de l'État sur l'individu. Dominé à son tour par une conception communautaire [plutôt qu'individualiste], le régime collectiviste rejette la notion de droits de l'individu pour le plus grand intérêt de la masse toute entière ».
  22. « en URSS, la constitution de 1977 (après celle de 1936) exposait en son chapître 7 les droits et devoirs fondamentaux des citoyens (...) Conformement aux thèse marxistes, les droits économiques et sociaux venaient en premier lieu (droit au travail, au repos, à la sécurité sociale, à l'instruction(...). Puis venaient les libertés intellectuelles : liberté d'expression, de réunion de manifestation, d'assocation ; enfin, les libertés de la personne. », Roche, Jean et Pouille, André, op. cit., p. 29-30
  23. Si on veut contester le caractère carcérale des économies planifiées, je réfère le lecteur aux statistiques sur le taux d'incarceration aux États Unis et des statistiques sur l'espérance de vie. Nettement pire qu'en europe, ces statistiques revele le caractère opprimant d'une démocratie bourgeoise lorsqu'on considère les statistiques dans une perspective raciale.
  24. Ces termes sont ici employé comme purement déscriptif et synyonymes mais chacun provenant d'une perspective différent - le prémier du marxisme, la séconde du capitalisme.
  25. « Il existe des démocraties autoritaires dans lesquelles les libertés publiques ne sont aucunement garanties. Ces régimes ne réalisent pas ou réalisent mal les libertés publiques. L'histoire des institutions politiques, leur étude en droit comparé montrent l'existence de ces divers régimes.
    La première République française a constitué une expérience de démocratie autoritaire qui a répudié les libertés publiques...
    C'est une formule analogue que l'on retrouve à l'époque contemporaine dans l'expérience de Lénine. La démocratie léniniste, sous sa forme première apparaît comme la « dictature du prolétariat ». Il s'agit d'une démocratie autoritaire et anti-égalitaire. Dans la pensée de Lénine, il s'agit là d'une forme transitoire, de durée d'ailleurs non-précisée, d'une phase intermédiaire nécessaire à l'enfantement de la véritable société communiste. Et il écrivait : “La dictature du prolétariat apporte une série de restrictions à la liberté pour les oppresseurs, les exploiteurs et les capitalistes Ceux-là, nous devons les opprimer afin de libérer l'humanité de l'esclavage salarié, il faut briser leur résistance par la force”(...)
    Cette démocratie autoritaire est exclusive de liberté, du moins de liberté immédiate, mais elle se prétende le moyen et le seul moyen de la réalisation future d'une véritable liberté, la condition préalable de la réalisation future de la liberté, si elle n'est pas liberté du moins la préface-t-elle, est-elle une « libération ». » (Colliard, Claude-Albert, op. cit., p. 39-40)
  26. Ce terme est une designation trotskiste pour des régimes qu'il regarde comme étant déformée du modèle original par la doctrine stalinienne du socialisme dans un seul pays.
  27. La comparaison n'est pas inapropriée - le rechtstaat était à l'origine employé comme mécanisme destiné à rationaliser la monarchie allemande qui n'était pas encore démocratisée selon un modèle bourgeois. La monarchie allemande n'étant pas démocratique, il s'agissait (comme dans l'URSS) d'assurer une stabilité du régime malgré son caractère antidémocratique et de s'interroger sur la façon de le diriger vers un régime se posant plus en garant des droits de l'homme.
  28. « À prendre à la lettre les constitutions de l'U.R.S.S. de 1936 et 1937, les citoyens soviétiques jouiraient de plus de garanties que ceux qui vivent dans les démocrqties occidentales. La réalité est toute différente. Elle montre clairement que, dans les démocraties populaires, l'exercice des droits politiques comme celui des droits sociaux n'a ni force juridique ni effectivité véritable. » (Vincesini, Jean Jacques, op.cit., p. 201-202)
  29. « Les libertés intellectuelles et le droit d'association étaient orientés aussitôt qu'énoncés “conformément aux intérêts des travailleurs et afin d'affermir le régime socialiste” (...) Le monopole du parti communiste était garanti » (Roche, Jean et Pouille, André, op. cit. p. 29-30)
  30. « Plus fondamentalement encore, ce que l'on a vu à la source de la situation dramatique des droits de l'homme dans les « États socialistes » c'est la sujétion des droits et des libertés à l'organisation socialiste de l'économie figée par le parti communiste. C'est donc, finalement, la subordination à la volonté incontestable de l'organisation politique unique ». (Vincesini, Jean Jacques, op. cit., p. 202)