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Lobby du cinéma (us)

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La lutte contre l’invasion de nos écrans par les films américains alimente un débat qui n’a pas cessé de 1916 à nos jours. Certaines théories antiaméricanismes montrent que Hollywood n’a pas compté sur la popularité de ses films pour s’assurer sa domination mondiale, mais sur des pratiques commerciales monopolistiques et sur la puissance du gouvernement américain, principalement à travers une vaste collaboration avec le département d’Etat, pour contraindre les gouvernements étrangers à abandonner des restrictions à l’importation des films hollywoodiens comparables en fait à celles qui étaient appliquées aux films européens entrant aux Etats-Unis, enfin de compte, la conclusion selon laquelle la domination d’Hollywood a été le produit de manœuvres économiques et politiques à une échelle machiavélique est inéluctable.


Période d’entre deux guerres

C’est après la première guerre mondiale qu’un certain nombre de professionnels du cinéma français ont commencé à s’inquiéter de l’hégémonie, établie en faveur du conflit européen, que le cinéma américain exerçait sur les écrans français. Pourtant, la politique des quotas ne sera appliquée qu’en 1928. Jusqu’à ce moment là, il n’y eut pas de politique cohérente de défense du cinéma. Le gouvernement français chercha plus ou moins à limiter les importations en intervenant sur les droits de douane. L’importation des films américains ne fut guère touchée par les mesures douanières (en particulier l’augmentation de 20 % des tarifs « ad valorem » décrétée le 26 octobre 1921) car ils étaient généralement amortis sur le territoire national avant d’être exportés. Ils pouvaient ainsi supporter des droits d’entrée même élevés sans perdre leur compétitivité sur le marché français. De plus, les compagnies américaines exportèrent préférentiellement leurs négatifs en Allemagne où les tirages de copies en diverses langues étaient effectués à un coût moins élevé qu’en France, jusqu’à ce que, à la fin de 1924, l’Allemagne mette en place une politique des quotas. En 1930, René Jeanne parle d’invasion cinématographique américaine. Le film américain est dénoncé comme la pointe avancée d’un impérialisme qui part à la conquête de l’Europe en imposant ses modes de production, son style de vie et ses objets. René Jeanne dénonce la recherche du profit financier d’un « Walt Disney quand nos artistes pionniers du cinéma d’animation meurent dans la misère de l’anonymat ». Nous sommes face, ici, à une comparaison entre Art et Commerce.


Une domination tenant à une politique cinématographique différente

Selon Ulff-Moller, pour comprendre la domination américaine, il faut mettre en évidence la différence des politiques américaine et française concernant le cinéma.

La politique américaine

Outre-Atlantique, le cinéma était considéré comme un produit d’intérêt stratégique en ce qu’il véhiculait à travers le monde l’image de l’American Way of Life et préparait ainsi l’exportation des marchandises américaines. Ainsi, il bénéficiait de l’appui actif du gouvernement et de son appareil diplomatique, et justifiait que le Sherman Antitrust Act (1890) et le Webb-Pomerene Act (1918), qui combattaient les ententes commerciales, ne s’appliquent pas hors des frontières du pays. Les majors Hollywoodiennes pouvaient donc présenter un front uni dans les discussions avec les gouvernements européens.

La politique française

En France, au contraire, les gouvernements successifs ont longtemps considéré le cinéma avant tout comme un pourvoyeur de taxes et d’impôts. Même à partir de 1928, l’établissement de la politique des quotas n’eut pas de réel effet. Les dirigeants français ont en effet toujours cédé aux pressions des Américains qui menaçaient d’exercer des mesures de rétorsion contre nos produits et de boycotter notre marché du film. Cette capitulation satisfaisait en outre le puissant lobby des exploitants français qui désiraient avoir un large accès à la production américaine et ne se sentaient nullement solidaires des producteurs. Ulff-Moller ne dénie pas au cinéma américain ses qualités propres mais il nous démontre, que son hégémonie est due, non à une saine concurrence, mais à des pressions constantes exercées sur le gouvernement français pour l’empêcher de protéger efficacement son cinéma national. Cette protection, contre laquelle Jean-Marie Messier prétend aujourd’hui s’élever, ne se justifie pas par une quelconque infériorité qualitative du cinéma français mais par la relative exiguïté du marché national qui empêche nos productions d’être aussi aisément amortissables que celles d’Outre-Atlantique. Elle permet à nos films d’affronter la concurrence américaine avec des armes moins inégales et de replacer la confrontation sur le seul terrain où elle doit s’exercer : celui du jugement du public.

Stratégie de mondialisation du cinéma américain

Par la sophistication technique et les histoires mythiques destinées à un public planétaire, l’empire hollywoodien mène l’offensive. Cette stratégie s’appuie sur de solides bastions multinationaux. Les majors sont en effet présentes sur leurs principaux marchés grâce à des filiales de distribution. Elles participent de plus à un organisme commun d’exportation, la Motion Picture Exportation Association of America (MPEAA), bras armé du lobbying du cinéma américain, dont la puissance d’intervention n’est plus à démontrer.


Stratégie offensive du cinéma américain

En décembre 2001, les propos du président français de Vivendi-Universal selon lesquels « l’exception culturelle française est morte » ont fait scandale. Jean-Marie Messier a, en effet, complètement épousé les intérêts américains depuis qu’il est à la tête d’un groupe membre de la MPAA. Ce puissant lobby de l’industrie cinématographique d’Outre-Atlantique cherche à tout prix à obtenir le démantèlement du système d’aide au cinéma national que la France et quelques autres pays sont parvenus à faire admettre lors des négociations du GATT. L’« exception culturelle » est aujourd’hui le dernier rempart pour éviter la quasi-disparition des cinémas nationaux (plus généralement de l’audiovisuel) et avec eux une part de l’identité nationale de ces pays. En effet, les Etats-Unis tentent de combattre par tous les moyens de pression économique ou politique, toute mesure étatique qui limiterait leur volonté d'hégémonie. Cibles prioritaires : les mesures de soutien aux productions nationales, « rivales », dans des secteurs d'activité qu'ils considèrent comme « leurs » marchés extérieurs. Le risque semble grave pour l'Europe de voir ses cultures nationales réduites à celles de minorités par la « monoculture » hollywoodienne dominante. Pour les pays du Sud, les conséquences seraient plus dramatiques encore, dans la mesure où la culture ne fait que trop rarement partie des priorités des gouvernements. Dan Glickman, ancien ministre de Bill Clinton et président de la MPAA depuis 2004, a d’ailleurs déclaré avec franchise « la diversité culturelle ne doit pas être une excuse pour créer de nouvelles barrières à notre expansion ».

Le modèle Hollywoodien

Néanmoins, la présence du film américain sur les écrans Français et son succès auprès du public ne sont pas seulement le fait d’une politique commerciale offensive ou d’un phénomène mécanique de rattrapage, les français l’apprécient et reconnaissent sa qualité. Il faut dire que les producteurs hollywoodiens sont particulièrement attachés à répondre à la demande du public européen dont les marchés permettent d’accroitre les profits de leurs propres réalisations. Face à cette profusion des grands films américains, le cinéma national peut difficilement rivaliser. Les réalisations qui essaient de se situer sur le terrain d’Hollywood sont à la fois rares et peu concluantes. Elles oscillent, entre des productions de prestiges construites à partir du patrimoine littéraire ou d’œuvres originales et parfois ambitieuses dont la prétention artistique est souvent tournée en dérision par la critique intellectuelle. Le cinéma américain, contrôle au trois quart le marché de l’Union Européenne et poursuit sa conquête. L’industrie américaine prend une position dominante en assurant le développement, l’industrialisation et la valorisation commerciale sur une grande échelle : celle de l’économie américaine et de l’économie mondiale.

Sources

  • Laurent Creton, Economie du cinéma perspectives stratégiques, Armand Collin, 3e éd, 2005.
  • Jean-Jacques MEUSY, jens Ulff-Moller, Hollywood's Film Wars with France, Film-Trade Diplomacy and the Emergence of the French Film Quota Policy, Rochester, University of Rochester Press, 2001.
  • Walid Hammami, Hollywood contre la diversité culturelle, jeuneafrique.com, 2005.

Voir aussi