Publicité clandestine autour des réseaux sociaux à la télévision (fr)
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La publicité est un secteur très réglementée, à la télévision par exemple, les présentateurs ne peuvent pas dire tout et n'importe quoi. Le chemin parcouru par la publicité depuis son apparition est très évolutif, et ici encore, on peut se rendre compte que la loi a dû s'adapter à l'émergence des nouveautés technologiques.
La question qui va nous intéresser en l'espèce, est celle de la citation des réseaux sociaux à la télévision.
Après avoir été à des multiples reprises cités à la télévision, il semblerait que le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) ait voulu en finir avec cette pratique, jugée selon elle de "publicité clandestine". Il est vrai que dans n'importe quelles émissions, le nom des réseaux sociaux était cité régulièrement de par le "buzz" que ces réseaux créent.
A travers un bref résumé sur la notion de publicité, et particulièrement celle faite à la télévision, nous allons voir les raisons pour lesquelles le CSA a souhaité prendre ces mesures de sanctions à l'égard de ceux qui citent le nom des réseaux sociaux en questions à l'écran.
Sommaire
- 1 La définition de la publicité
- 2 Le CSA face à la publicité clandestine autour des réseaux sociaux
- 3 Les réseaux sociaux
- 4 La controverse causée par la décision de l'Assemblée plénière du 12 avril 2011
- 5 La publicité clandestine face à l’obligation pour le journaliste de citer ses sources
- 6 Liens externes
- 7 Réferences
- 8 Notes
- 9 Voir aussi
La définition de la publicité
La publicité est l'action de faire connaître une information ou un produit au public. C'est aussi le moyen par lequel l'information est délivrée: spot-publicitaire à la radio ou à la télévision, annonce-presse dans un journal sont des publicités. La publicité est une technique de communication utilisée dans un but commercial le plus souvent et dont le but est de fixer l'attention du consommateur sur: un bien de consommation ou un service, une personne ou un groupe, un concept. Une publicité est subjective et la créativité est le coeur des publicités.
Elle sert également à promouvoir le produit et surtout à interpeller le consommateur. La publicité est l'action de "rendre public", son objectif est de vendre, inciter, faire agir les consommateurs. La publicité cherche à séduire.
La publicité est née le 16 juin 1836 avec la Révolution industrielle. Emile de Girardin fait insérer pour la première fois, des annonces commerciales dans son journal La Presse. Cette formule était révolutionnaire à l'époque et fût immédiatement copiée, la publicité média était née.
Les supports de publicité sont nombreux: télévision, radio, presse, cinéma, internet ...
L'apparition de la publicité à la télévision
Dans les années 1960, toutes publicités était bannies de la télévision française par la ORTF (Office de Radiodiffusion et de Télévision Française). Une première loi de 1951 autorise la "publicité collective" ou "publicité compensée" qui sont réalisées conjointement par plusieurs annonceurs (les banques en priorité).
L'apparition de la publicité à la télévision date de 1968, où est diffusé sur la première chaîne deux petites minutes de publicité de marques (la toute première publicité de marque lancée par l’agence PUBLICIS pour la campagne Boursin). La loi autorisant la publicité de marque à la télévision fut adoptée le 1er octobre 1968.
Depuis cette date, la publicité n'a jamais cessé d'étendre son horizon.
L'apparition de cette publicité inquiète de nombreux secteurs et notamment ceux liés aux intérêts fondamentaux de l'économie nationale, d'où la censure des publicités pour les comapgnies aériennes (pour protéger Air France) par exemple.
Une commission de visionnage regroupant la RFP (Régie Francaise de Publicité), des annonceurs de l’Institut National de la Consommation, les services de la Répression des Fraudes mais aussi l’association des agences conseil en publicité (AACP)se regroupent afin de contrôler les spots publicitaires et de vérifier s’ils respectent un cahier des charges très précis.
En 1971, la publicité envahit d'autres chaînes de télévision en commencant par la seconde chaîne. Petit à petit, la publicité commence à générer d'importantes recettes: 5% en 1968 et 24% en 1970. L'arrivée de la télévision en couleurs en 1972 va également favoriser l’ascension de la publicité télévisée de marques en France.
L'éclatement de l'ORTF avec la loi du 7 août 1974, va marquer le point de départ du véritable bouleversement de la publicité à la télévision qui va devenir un véritable enjeu marketing et financier.
En 1982, les plafonds des recettes publicitaires ne sont plus plafonnés, ce qui va permettre l'irruption du secteur privé, rendant possible et alléchante la privatisation d'une chaîne publique.
La réglementation de la publicité
Cette publicité est réglementée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui veille à ce que la publicité soit respectueuse de la valeur morale et de la valeur fondamentale de l'homme. Le CSA impose des règles très strictes pour les publicités. Ainsi, les messages publicitaires "dits interdits" ne peuvent pas faire l'objet d'une diffusion à la télévision. Hormis parmi eux les secteurs nuisibles à la santé publique tels que les produits alcoolisés de plus de 1.2 degrè, le tabac ou encore les médicaments préscrits sur ordonnance, les règles de la publicité télévisée interdise également les messages publicitaires clandestins, mensongers et sublimaux ainsi que ceux portant atteinte aux mineurs .
Les messages publicitaires clandestions sont ceux qui vont nous intéresser dans le cadre de la publicité faite autour des réseaux sociaux à la télévision.
La publicité clandestine
La publicité clandestine se définit comme une "Citation ou présentation à caractère publicitaire hors des espaces officiellement réservés à la publicité. Exemple : utilisation par un animateur de télévision d'un vêtement dont le logo de la marque est parfaitement identifiable par les téléspectateurs." [1].
L’article 9 du décret du 27 mars 1992 pris pour l'application des articles 27 et 33 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, qui fixe les principes généraux définissant les obligations des éditeurs de services en matière de publicité, de parrainage et de télé-achat. dispose que : "(…) constitue une publicité clandestine la présentation verbale ou visuelle de marchandises, de services, du nom, de la marque ou des activités d'un producteur de marchandises ou d'un prestataire de services dans des programmes, lorsque cette présentation est faite dans un but publicitaire."
L'infraction de publicité clandestine est fréquente sur les écrans de télévision. En effet, il arrive souvent que le consommateur, à travers un message publicitaire soit induit en erreur entre un message d'information et un message publicitaire. Le consommateur doit pouvoir identifier le message publicitaire afin d'éviter cette confusion (article L.121-1 du code de la consommation).
La loi de 1992
Le CSA face à la publicité clandestine autour des réseaux sociaux
Les problèmes posés par cette publicité à la télévision
"Retrouvez nous sur notre page Facebook", voilà le genre de message diffusé à la fin des spots publicitaires télévisés que vous ne pourrez plus entendre. Il faudra désormais dire "Rejoignez-nous sur les réseaux sociaux.
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a publié le 27 mai 2011 [2] une décision dans laquelle il considère que "le renvoi des téléspectateurs ou des auditeurs à la page de l’émission sur les réseaux sociaux sans les citer présente un caractère informatif, alors que le renvoi vers les pages en nommant les réseaux sociaux concernés revêt un caractère publicitaire qui contrevient aux dispositions de l’article 9 du décret du 27 mars 1992 prohibant la publicité clandestine."
Cette décision fait suite à une question posée par "une grande chaîne de télévision" qui demandait au CSA de prendre position.
Citer Facebook, Twitter à la télévision est désormais banni tout comme les grandes marques telles que Coca-Cola par exemple.
Ce qui semble avoir motivé le CSA dans sa décision sont les enjeux financiers autour des réseaux sociaux qui sont aujourd’hui énormes. Facebok et Twitter demeurent des entreprises à part entière qui dégagent d’importants bénéfices grâce au trafic et à la publicité. Il s'agit donc de sociétés à part entière suscitant d'importants bénéfices et motivées pour "grignoter" les parts de marché de leurs concurrents.
Le favoritisme crée par cette publicité
Certains considèrent que le fait de citer le nom des réseaux sociaux à la télévision constitue un favoritisme par rapport à d'autres sites.
Le favoritisme est défini comme "la tendance à accorder des faveurs injustifiées". Ainsi, le fait de citer le nom des réseaux sociaux à la télévision accorderait une nette préference à ceux régulièrement cités tels que Facebook et Twitter.
Il faudra désormais que les présentateurs rusent et rivalisent d’imagination pour faire comprendre aux téléspectateurs et auditeurs la présence de telle ou telle émission sur les différents réseaux sociaux.
L'évincement de la concurrence
Citer à l'écran, les noms de réseaux sociaux reviendrait à privilégier un réseau social par rapport à un autre pourrait être vu comme une tentative d’évincer la concurrence, ce qui est interdit en pratique.
Toutefois, si l’on suit la logique du CSA, il ne faudra donc plus citer Google ou Yahoo, de manière à ne pas orienter le téléspectateur sur un moteur au détriment d’un autre.
Evincer la concurrence en citant ces sites reviendrait à maintenir des avantages sur le marché aux réseaux sociaux les plus régulièrement cités.
Jugée grotesque par beaucoup, la mesure prise par le CSA devra cependant être respectée. Il faudra rester subtil dans la manière d’aborder les réseaux sociaux à l’avenir, les présentateurs télé devront sans doute jouer sur les mots pour reformuler le renvoi aux téléspectateurs vers ces sites sans les citer.
Les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux, marques protégées ?
La citation du nom "Facebook" dans les médias devient donc un délit avec cette réforme.
Le problème rencontré avec cette mesure prise par le CSA est que celle-ci reviendrait à considérer le nom des réseaux sociaux en tant que marque. Le CSA place donc les réseaux sociaux au même niveau que les grandes marques.
Le CSA semble oublié que ces réseaux sociaux sont aussi des médias d’information. Il serait donc possible de citer LeFigaro, RTL ou France 2 mais pas Twitter ni Facebook. Cette décision semble incohérente sur ce point.
Dans la mesure où citer des marques à la télévision est interdit en France par le CSA, pourquoi interdirait-on de citer le nom de ces réseaux sociaux, qui, à la base sont des outils de communication et des médias à part entière.
La controverse causée par la décision de l'Assemblée plénière du 12 avril 2011
"On peut quand même s’étonner que le CSA fasse référence à un décret qui date de 20 ans, une époque où personne ne pouvait imaginer qu’internet d’abord, les réseaux sociaux ensuite, existeraient et occuperaient la place qu’ils ont aujourd’hui dans nos vies d’internautes." [3]
La publicité clandestine face à l’obligation pour le journaliste de citer ses sources
Liens externes
Réferences
- [1] Renvoi sur les pages des réseaux sociaux : analyse du CSA
- [2] Décret n° 92-280 du 27 mars 1992 modifié, relatif à la publicité, au parrainage et au téléachat
- [3] L'interdiction aux chaînes TV de citer leurs pages Facebook et Twitter