Protection des sources journalistiques (fr)
Cet article est une ébauche relative au droit français, vous pouvez partager vos connaissances juridiques en le modifiant, vous pouvez également faire une recherche dans le moteur...'
|
France > Droit des médias > Droit de la presse
"Le journalisme commence par la recherche". Cette affirmation confirme la valeur de la recherche journalistique dans le fonctionnement des médias (presse, radio, télévision, internet) et dans l’information des citoyens. La recherche journalistique comprend le rassemblement d’informations, leur vérification, leur choix et finalement leur rédaction dans un discours parfaitement structuré. Le recueil d’informations journalistiques présuppose un principe d’accès libre aux sources d’informations mais également la protection de ces sources par le droit international, européen et national. Jusqu’à aujourd’hui, dans les pays développés du monde, la protection des sources ne dispose pas de réglementation complète. Même en France, la protection des sources journalistiques n’est pas encore complètement institutionnalisée.
Sommaire
Notion de la protection des sources journalistiques
Définition
La protection des sources journalistiques (editorial secrecy, journalist privilege) est recommandée dans le droit et dans l’obligation du journaliste de refuser, même face aux autorités juridiques de révéler ses sources, c’est à dire identifier la source de ses informations et de ses données qu’il souhaite divulguer ou qu’il a déjà divulgué au public. Conditio sine qua non de la reconnaissance de la protection susmentionnée est le régime démocratique.
Distinction: la protection des sources journalistiques et le secret professionnel
La protection des sources journalistiques ne doit pas être confondue avec le secret professionnel. Ce dernier est une obligation tandis que la première est une protection. Dans le premier cas, il est interdit de dire ; dans le second, il est permis de ne pas dire. La violation du secret professionnel est définie par l’article 226-13 du Code pénal (Cp) comme « la révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission temporaire ». Le texte ajoute que cette révélation « est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende », posant ainsi le principe d’un droit absolu au secret professionnel.
Importance de la protection des sources journalistiques
Le droit à la liberté d’expression dans le cadre des enquêtes journalistiques et de la production de reportages destinés au public possède un double statut. Elle a un aspect individuel et un aspect social.
Dimension individuelle
Au niveau individuel, l’absence de protection des sources a un impact négatif sur les possibilités de chaque journaliste et principalement sur ceux qui font des recherches afin de rassembler les informations nécessaires, et qui sont parfois difficile à obtenir, dans le but de les divulguer aux citoyens. Souvent, les sources des journalistes sont des insiders. Il s’agit de personnes haut placées dans des sociétés publiques ou privées. De fait, ces personnes ont accès à des informations importantes, nécessaires au travail journalistique. Si ces personnes, ces ”sources” ne sont pas protégées, elles ne donnent pas aux journalistes les informations dont ils ont besoin.
Dimension sociale
Au niveau social la protection permet à chaque citoyen de se renseigner et de s’informer régulièrement librement sur tout sujet, politique ou social, qui l’intéresse. Il s’agit d’une condition sine qua non pour l’existence et le bon fonctionnement de la société démocratique. La protection des sources journalistiques est l’une des pierres angulaires de la liberté de la presse comme cela ressort des lois et codes déontologiques en vigueur dans nombre d’États contractants et comme l’affirment en outre plusieurs instruments internationaux sur les libertés journalistiques. La décision de la CNDH (Commission Nationale des Droits de l’Homme, décision Goodwin/The united kingdom) concernant la protection des journalistes est significative: La protection des sources journalistiques est l’une des conditions principales pour la liberté de la presse…L’absence d’une telle protection pourrait dissuader les sources journalistiques d’aider la presse à informer le public sur des questions d’intérêt général. En conséquence, la presse pourrait être, en droit interne du moins, à même de jouer son rôle indispensable de « chien de garde .»
Fondation internationalle de la protection à travers son intégration dans la liberté de la presse
Droit International
Selon l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. Le droit à la liberté d’expression et à la liberté de la presse fait l’objet d’une reconnaissance formelle à l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme telle qu’elle a été adopté lors de la 25ème Assemblée Générale qui s’est tenue à Dakar, Sénégal du 17 au 25 Aout 2001. Plus précisément, l’article 19 stipule que tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. Les mêmes droits sont garantis par l’article 19 du Pacte International relatif aux droits civils et politiques. Plus précisément nul ne peut être inquiété pour ses opinions. Toute personne a droit à la liberté d'expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix. L'exercice de ces libertés comporte des devoirs spéciaux et des responsabilités spéciales. Il peut en conséquence être soumis à certaines restrictions qui doivent toutefois être expressément fixées par la loi et qui sont nécessaires: a) Au respect des droits ou de la réputation d'autrui; b) A la sauvegarde de la sécurité nationale, de l'ordre public, de la santé ou de la moralité publique.
Droit Européen
La protection des sources journalistiques fait partie du cadre juridique de la liberté d’expression de la presse au sens large telle qu’elle est établie dans l’article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme de 1950. La convention européenne stipule dans l’article 10 que 1. Toute personne a droit à la Liberté d'expression. Ce droit comprend ta Liberté d'opinion et la Liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontières. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations. 2. L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire.
Le secret des sources en droit français
Insuffisance de règlementation dans le droit français
Notes et références
- [article 226-13 du Code pénal, http://www.legislation.cnav.fr/textes/lo/cpen/TLR-LO_CPEN_226-13.htm]
- [Loi du 7 avril 2005 sur la protection des sources journalistiques, Belgisch Staatsblad/ Moniteur belge du 27 avril 2005]