Merlin, Philippe-Antoine : Différence entre versions
m |
|||
Ligne 12 : | Ligne 12 : | ||
Il fût qualifié par [[Toullier, Charles-Bonaventure-Marie|Toullier]] de prince des [[jurisconsulte (fr)|jurisconsulte]]s. | Il fût qualifié par [[Toullier, Charles-Bonaventure-Marie|Toullier]] de prince des [[jurisconsulte (fr)|jurisconsulte]]s. | ||
− | Il commença à vingt et un ans à plaider devant le parlement de Flandre, où il étonna la magistrature et le barreau par une science précoce, qu'il augmentait chaque jour dans la pratique des affaires, jointe à la lecture assidue des oeuvres des meilleurs juristes. A trente-cinq ans, il avait déjà une grande réputation dans sa province. | + | Il commença à vingt et un ans à plaider devant le parlement de Flandre, où il étonna la magistrature et le barreau par une science précoce, qu'il augmentait chaque jour dans la pratique des affaires, jointe à la lecture assidue des oeuvres des meilleurs juristes. A trente-cinq ans, il avait déjà une grande réputation dans sa province. Merlin est déjà conseiller juridique et financier du duc d'Orléans avant la Révolution(http://www.universalis.fr/encyclopedie/merlin-de-douai/). |
Il fut nommé député du Tiers à l'Assemblée nationale. A peine cette Assemblée célèbre fut-elle réunie que Merlin s'y fit distinguer par son savoir profond. | Il fut nommé député du Tiers à l'Assemblée nationale. A peine cette Assemblée célèbre fut-elle réunie que Merlin s'y fit distinguer par son savoir profond. | ||
Ligne 20 : | Ligne 20 : | ||
le malheureux prince, il répondit : Non ! ! Merlin vota donc jusqu'au dernier moment comme [[Robespierre]], comme [[Couthon]], comme [[Marat]]. | le malheureux prince, il répondit : Non ! ! Merlin vota donc jusqu'au dernier moment comme [[Robespierre]], comme [[Couthon]], comme [[Marat]]. | ||
− | A l'instigation de [[Robespierre]], il rédigea et fit voter la loi des Suspects. | + | A l'instigation de [[Robespierre]], il rédigea et fit voter la [[loi des Suspects]] (17 septembre 1793}. |
L'Assemblée nationale avait commencé à replacer le droit criminel sur ses véritables bases, quand elle fit disparaître du Code pénal de 1791 toutes les peines qui avaient un caractère de cruauté, pour conserver seulement celles qu'exige la défense de la société. Mais elle n'avait pas eu le temps de changer la procédure établie par l'[[ordonnance criminelle de 1670 (fr)|ordonnance criminelle de 1670]], qui plaçait les accusés dans un état effrayant d'isolement, et leur mesurait avec une barbare parcimonie les moyens de se défendre. Avant que la Convention eût achevé son règne tyrannique, qu'elle votât une loi qui fit un singulier contraste avec les mesures violentes qu'elle décrétait tous les jours. Elle établit pour les accusés de délits communs, c'est-à-dire pour ceux auxquels ne s'appliquait pas la procédure du tribunal révolutionnaire, un mode d'instruction qui constituait un progrès immense sur la procédure inquisitoriale et secrète suivie jusque-là. La loi du 3 brumaire an IV, qui consacra cette importante amélioration, fut rédigée en entier par Merlin, et reçut le nom de [[Code des délits et des peines (fr)|Code des délits et des peines]], nom mérité, puisqu'elle embrassait dans ses six cent quarante-six articles presque tout le droit criminel. Cette loi servit de type au [[Code d'Instruction criminelle (fr)|Code d'Instruction criminelle]], qui n'y apporta que de légers perfectionnements. | L'Assemblée nationale avait commencé à replacer le droit criminel sur ses véritables bases, quand elle fit disparaître du Code pénal de 1791 toutes les peines qui avaient un caractère de cruauté, pour conserver seulement celles qu'exige la défense de la société. Mais elle n'avait pas eu le temps de changer la procédure établie par l'[[ordonnance criminelle de 1670 (fr)|ordonnance criminelle de 1670]], qui plaçait les accusés dans un état effrayant d'isolement, et leur mesurait avec une barbare parcimonie les moyens de se défendre. Avant que la Convention eût achevé son règne tyrannique, qu'elle votât une loi qui fit un singulier contraste avec les mesures violentes qu'elle décrétait tous les jours. Elle établit pour les accusés de délits communs, c'est-à-dire pour ceux auxquels ne s'appliquait pas la procédure du tribunal révolutionnaire, un mode d'instruction qui constituait un progrès immense sur la procédure inquisitoriale et secrète suivie jusque-là. La loi du 3 brumaire an IV, qui consacra cette importante amélioration, fut rédigée en entier par Merlin, et reçut le nom de [[Code des délits et des peines (fr)|Code des délits et des peines]], nom mérité, puisqu'elle embrassait dans ses six cent quarante-six articles presque tout le droit criminel. Cette loi servit de type au [[Code d'Instruction criminelle (fr)|Code d'Instruction criminelle]], qui n'y apporta que de légers perfectionnements. | ||
+ | |||
+ | Porté au [[Conseil des Anciens]] le 23 vendémiaire an IV, il doit très vite se consacrer à une autre fonction, celle de ministre de la Justice, que lui confie le [[Directoire]], avant d’assumer la charge du ministère, fraîchement créé, de la Police. Après le 18 fructidor an IV, il remplace [[Barthélémy]] et devient l’un des cinq Directeurs, mais doit démissionner sous la pression du mécontentement public, quatre mois avant le coup d’Etat du 18 brumaire(portrait de Merlin sur le site du sénat: http://www.senat.fr/histoire/1795-1799/portraits/merlin.htm). | ||
Merlin, lors du [[coup d'État]] du 22 fructidor an V, devînt membre du [[Directoire (fr)|Directoire]]. | Merlin, lors du [[coup d'État]] du 22 fructidor an V, devînt membre du [[Directoire (fr)|Directoire]]. | ||
− | [[Napoléon]], bien qu'il connu et reconnu les mérites de Merlin, ne voulu pas l'associer au projet du [[Code civil (fr)|Code civil]] en raison de sa participation à la mort du Roi et à la Convention. Dès que le souvenir de ces événements se fût quelque peu estompé, il le nomma Commissaire du gouvernement auprès de la juridiction la plus élevée de France, qu'on appelait alors [[Tribunal de cassation (fr)|Tribunal de cassation]] et qui deviendra la [[Cour de cassation (fr)|Cour de cassation]]. Pendant 15 ans, Merlin va mettre son érudition au service de cette juridiction, chargée d'unifier le droit à une époque où cohabitait en France d'innombrables coutumes, maintenues souvent en application en vertu de la non rétroactivité de principe de la loi. Il travailla sans relâche, le plus souvent par des réquisitoires écrits. | + | [[Napoléon]], bien qu'il connu et reconnu les mérites de Merlin, ne voulu pas l'associer au projet du [[Code civil (fr)|Code civil]] en raison de sa participation à la mort du Roi et à la Convention. Dès que le souvenir de ces événements se fût quelque peu estompé, il le nomma Commissaire du gouvernement auprès de la juridiction la plus élevée de France, qu'on appelait alors [[Tribunal de cassation (fr)|Tribunal de cassation]] et qui deviendra la [[Cour de cassation (fr)|Cour de cassation]]. Il y exercera ensuite les fonctions de procureur général. Pendant 15 ans, Merlin va mettre son érudition au service de cette juridiction, chargée d'unifier le droit à une époque où cohabitait en France d'innombrables coutumes, maintenues souvent en application en vertu de la non rétroactivité de principe de la loi. Il travailla sans relâche, le plus souvent par des réquisitoires écrits. |
− | Merlin se lança aussi dans une édition nouvelle du [[Répertoire universel de jurisprudence (fr)|Répertoire universel de jurisprudence]] de [[Guyot, Pierre Jean Jacques Guillaume|Guyot]], dont la première publication, qui datait de 1777, avait été l' | + | Merlin se lança aussi dans une édition nouvelle du [[Répertoire universel de jurisprudence (fr)|Répertoire universel de jurisprudence]] de [[Guyot, Pierre Jean Jacques Guillaume|Guyot]], dont la première publication, qui datait de 1777, avait été l'œuvre commune de plusieurs jurisconsultes, parmi lesquels se trouvait Merlin. Mais dans la réimpression, qui commença en 1807, les additions que fit Merlin à l'oeuvre primitive, en y rattachant l'explication de toutes les lois qui avaient suivi la révolution française, furent si considérables, que le répertoire de Guyot perdit naturellement son premier nom, pour prendre celui de Merlin. |
Lors de la Restauration, il avait été privé de ses fonctions comme régicide. Après les Cent-Jours, comme tous les régicides qui avaient repris des fonctions publiques lors du retour de Napoléon de l'île d'Elbe, il dut aller chercher un asile sur la terre étrangère. Les bannis avaient été avertis qu'ils ne pourraient rester dans aucun des États limitrophes de la France. Merlin | Lors de la Restauration, il avait été privé de ses fonctions comme régicide. Après les Cent-Jours, comme tous les régicides qui avaient repris des fonctions publiques lors du retour de Napoléon de l'île d'Elbe, il dut aller chercher un asile sur la terre étrangère. Les bannis avaient été avertis qu'ils ne pourraient rester dans aucun des États limitrophes de la France. Merlin | ||
Ligne 42 : | Ligne 44 : | ||
=Référence= | =Référence= | ||
− | * Rodière, Aimé, [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58355609 ''les grands jurisconsultes''], Toulouse, 1874 | + | * Rodière, Aimé, [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58355609 ''les grands jurisconsultes''], Toulouse, 1874. |
+ | * [http://www.senat.fr/histoire/1795-1799/portraits/merlin.htm ''La fiche du Sénat''] | ||
=Voir aussi= | =Voir aussi= | ||
{{moteur (www)|Philippe-Antoine Merlin OR "Merlin de Douai"}} | {{moteur (www)|Philippe-Antoine Merlin OR "Merlin de Douai"}} |
Version du 13 juin 2010 à 07:48
Cet article est une ébauche relative à une thématique juridique, vous pouvez partager vos connaissances juridiques en le modifiant, vous pouvez également faire une recherche dans le moteur...
|
Philosophie du droit > École de l'exégèse France > Grands juristes : France
Philippe-Antoine Merlin, né le 30 octobre 1754, dans un chef-lieu de canton de l'arrondissement de Douai, mort à Paris le 26 décembre 1838.
Il fût surnommé Merlin de Douai à la Convention, pour le distinguer du conventionnel de même nom qui était de Thionville.
Il fût qualifié par Toullier de prince des jurisconsultes.
Il commença à vingt et un ans à plaider devant le parlement de Flandre, où il étonna la magistrature et le barreau par une science précoce, qu'il augmentait chaque jour dans la pratique des affaires, jointe à la lecture assidue des oeuvres des meilleurs juristes. A trente-cinq ans, il avait déjà une grande réputation dans sa province. Merlin est déjà conseiller juridique et financier du duc d'Orléans avant la Révolution(http://www.universalis.fr/encyclopedie/merlin-de-douai/). Il fut nommé député du Tiers à l'Assemblée nationale. A peine cette Assemblée célèbre fut-elle réunie que Merlin s'y fit distinguer par son savoir profond.
Il vota la mort du roi Louis XVI. On vota d'abord sur la question de culpabilité. Merlin répondit : Oui. Sur la question de savoir si l'on surseoirait à la peine, il dit : Non. Sur la troisième question, relative à la peine qu'il fallait appliquer, Merlin répondit : La mort! Et enfin, sur la quatrième question, celle de savoir s'il fallait recevoir l'appel au peuple, interjeté par le malheureux prince, il répondit : Non ! ! Merlin vota donc jusqu'au dernier moment comme Robespierre, comme Couthon, comme Marat.
A l'instigation de Robespierre, il rédigea et fit voter la loi des Suspects (17 septembre 1793}.
L'Assemblée nationale avait commencé à replacer le droit criminel sur ses véritables bases, quand elle fit disparaître du Code pénal de 1791 toutes les peines qui avaient un caractère de cruauté, pour conserver seulement celles qu'exige la défense de la société. Mais elle n'avait pas eu le temps de changer la procédure établie par l'ordonnance criminelle de 1670, qui plaçait les accusés dans un état effrayant d'isolement, et leur mesurait avec une barbare parcimonie les moyens de se défendre. Avant que la Convention eût achevé son règne tyrannique, qu'elle votât une loi qui fit un singulier contraste avec les mesures violentes qu'elle décrétait tous les jours. Elle établit pour les accusés de délits communs, c'est-à-dire pour ceux auxquels ne s'appliquait pas la procédure du tribunal révolutionnaire, un mode d'instruction qui constituait un progrès immense sur la procédure inquisitoriale et secrète suivie jusque-là. La loi du 3 brumaire an IV, qui consacra cette importante amélioration, fut rédigée en entier par Merlin, et reçut le nom de Code des délits et des peines, nom mérité, puisqu'elle embrassait dans ses six cent quarante-six articles presque tout le droit criminel. Cette loi servit de type au Code d'Instruction criminelle, qui n'y apporta que de légers perfectionnements.
Porté au Conseil des Anciens le 23 vendémiaire an IV, il doit très vite se consacrer à une autre fonction, celle de ministre de la Justice, que lui confie le Directoire, avant d’assumer la charge du ministère, fraîchement créé, de la Police. Après le 18 fructidor an IV, il remplace Barthélémy et devient l’un des cinq Directeurs, mais doit démissionner sous la pression du mécontentement public, quatre mois avant le coup d’Etat du 18 brumaire(portrait de Merlin sur le site du sénat: http://www.senat.fr/histoire/1795-1799/portraits/merlin.htm).
Merlin, lors du coup d'État du 22 fructidor an V, devînt membre du Directoire. Napoléon, bien qu'il connu et reconnu les mérites de Merlin, ne voulu pas l'associer au projet du Code civil en raison de sa participation à la mort du Roi et à la Convention. Dès que le souvenir de ces événements se fût quelque peu estompé, il le nomma Commissaire du gouvernement auprès de la juridiction la plus élevée de France, qu'on appelait alors Tribunal de cassation et qui deviendra la Cour de cassation. Il y exercera ensuite les fonctions de procureur général. Pendant 15 ans, Merlin va mettre son érudition au service de cette juridiction, chargée d'unifier le droit à une époque où cohabitait en France d'innombrables coutumes, maintenues souvent en application en vertu de la non rétroactivité de principe de la loi. Il travailla sans relâche, le plus souvent par des réquisitoires écrits.
Merlin se lança aussi dans une édition nouvelle du Répertoire universel de jurisprudence de Guyot, dont la première publication, qui datait de 1777, avait été l'œuvre commune de plusieurs jurisconsultes, parmi lesquels se trouvait Merlin. Mais dans la réimpression, qui commença en 1807, les additions que fit Merlin à l'oeuvre primitive, en y rattachant l'explication de toutes les lois qui avaient suivi la révolution française, furent si considérables, que le répertoire de Guyot perdit naturellement son premier nom, pour prendre celui de Merlin.
Lors de la Restauration, il avait été privé de ses fonctions comme régicide. Après les Cent-Jours, comme tous les régicides qui avaient repris des fonctions publiques lors du retour de Napoléon de l'île d'Elbe, il dut aller chercher un asile sur la terre étrangère. Les bannis avaient été avertis qu'ils ne pourraient rester dans aucun des États limitrophes de la France. Merlin avait espéré qu'il échapperait à cette défense en se cachant dans un village peu éloigné de Bruxelles. Mais le régicide Merlin eût pu être oublié; l'ancien membre du Directoire ne pouvait pas l'être. Le roi des Pays-Bas, sur la demande de la France, lui enjoignit de choisir un asile hors de ses États.
Merlin partit pour l'Amérique, dans l'intention de se fixer aux États-Unis ; mais une tempête affreuse rejeta son navire vers l'Europe, et le fit échouer non loin de Flessingue, sur, une terre dépendant encore, par conséquent, du royaume des Pays-Bas. Le gouvernement français demanda de nouveau, son expulsion, mais le roi des Pays-Bas répondit par cette parole: « La mer me l'a rendu, je le garde. » Le gouvernement français n'osa pas insister.
Quand la révolution de Juillet éclata, il suffit à Merlin de quelques jours pour rentrer en France et en revoir la capitale.
Bibliographie
- Questions de droit
- Répertoire universel de jurisprudence
Référence
- Rodière, Aimé, les grands jurisconsultes, Toulouse, 1874.
- La fiche du Sénat
Voir aussi
- Trouver la notion Philippe-Antoine Merlin OR "Merlin de Douai" dans l'internet juridique