Distinction des infractions simples des infractions continues (fr)
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Deux difficultés surgissent à l'occasion de certaines infractions. Il y a premièrement l'hypothèse où des conséquences se produisent après l'achèvement de l'acte : doit-on considérer que l'infraction se perpétue ? Deuxièmement, il y a l'hypothèse où les conséquences de l'acte se produisent avant l'achèvement de l'acte.
Sommaire
Première difficulté d'application du critère de distinction
L'acte constitutif de l'infraction a été intégralement accompli mais ces actes produisent des effets qui se prolongent dans le temps. L'infraction est-elle consommée au jour où l'acte cesse de se produire ou au jour où les conséquences cessent de se produire ? C'est un problème important, notamment en matière de prescription. La jurisprudence et la doctrine opèrent une distinction.
La distinction
Parfois, l'acte prend fin lorsque l'acte lui-même cesse de s'accomplir, même si les conséquences de l'acte persistent. En ce cas, l'infraction est dite permanente. D'après la jurisprudence, une infraction est permanente lorsque ses conséquences se prolongent par la seule force des choses, sans renouvellement de la volonté de son auteur. Ex: délit de construction sans permis. Après la cessation de l'acte, l'édifice peut demeurer pendant un temps indéterminé. Cette infraction est définitivement accomplie dès la fin de la construction. La prescription court de ce jour. Ex: le délit de bigamie est définitivement consommé au jour où le deuxième mariage est consommé. Ex: contravention d'embarras de la voie publique, qui suppose le dépôt sur la voie publique d'un objet qui encombre la voie publique.
Parfois, l'infraction n'est définitivement consommée qu'au jour où les conséquences de l'acte cessent de se produire. L'infraction dure non seulement pendant l'acte, mais également pendant les conséquences. En ce cas, l'infraction est dite de succession. Selon la jurisprudence, une infraction est successive lorsqu'elle se renouvelle par une réitération de la volonté de son auteur. Ex: l'ouverture illégale d'un débit de boisson; ce délit dure jusqu'à ce que le débit de boisson soit fermé. Ex: Ch. crim. 2 décembre 1998 concernant le délit d'abandon de famille. Ce délit suppose le non-paiement d'une pension alimentaire pendant une durée de deux mois. Ex: la contravention d'établissement d'un barrage dans une rivière. Cette contravention est définitivement consommée au jour où le barrage disparaît. Ex: délit d'affichage illicite.
L'intérêt de la distinction
Cette distinction présente des intérêts pratiques considérables. Elle a aussi des intérêts en matière d'amnistie. Cependant, on peut remarquer que le critère de distinction est extrêmement flou. Ex: quelle est la différence entre l'établissement d'un barrage dans une rivière et l'embarras de la voie publique ? L'une de ces infractions est une infraction permanente, l'autre successive. Jusqu'à 1981, la Cour de cassation estimait que le délit d'affichage était une infraction permanente, puis elle est soudainement devenue une infraction successive, ce qui montre que le critère de distinction est flou.
Deuxième difficulté d'application du critère de distinction
Entre l'infraction continue et l'infraction instantanée, il y a l'infractions continuée. L'infraction continuée est une série d'infractions instantanées mais qui font partie d'un plan d'ensemble, c'est-à-dire poursuivant un but unique. Ex: un cambrioleur qui vole plusieurs choses dans une maison. Ex: le fait pour un employé de prendre chaque jour un billet de banque dans la caisse de son employeur. Ex: vol d'électricité opéré à l'aide d'un branchement illégal. La question qui se pose est celle de savoir s'il y a autant d'infractions consommées que d'actes accomplis ou une seule infraction continue. L'intérêt de la distinction est la prescription de l'infraction. La doctrine estime que l'infraction continuée est une infraction unique est soumise au régime de l'infraction continue. Il n'y aura qu'une seule volonté parce que toutes ces infractions ont un but unique. C'est l'unité de but qui justifie aux yeux de la doctrine l'unité d'infraction. La chambre criminelle n'a pas de solution ferme. Tantôt, il n'y a qu'une seule infraction, tantôt plusieurs, d'où une nouvelle incertitude.