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Version du 13 février 2005 à 22:50
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Le Conseil d'État est la juridiction administrative suprême. Il a à la fois un rôle consultatif et un rôle contentieux.
Sommaire
Histoire du Conseil d'État
Le Conseil d'État a été créé par la Constitution de l'an VIII pour laquelle il est l'une des quatre assemblées. Il a survécu à la Restauration, puis aux régimes successifs.
Voir les articles Histoire du Conseil d'État et Histoire de la justice administrative.
Principaux textes applicables
Le Code de justice administrative (partie législative et partie réglementaire), spécialement le livre 1er pour l'organisation, le livre 3 pour la compétence, les livres 4 à 8 pour la procédure.
Composition et fonctionnement
Le Conseil d'État est présidé par le Premier ministre qui peut être représenté par le garde des sceaux, ministre de la Justice. Toutefois, au quotidien, le chef du Conseil d'État est le vice-président, qui est considéré comme le "premier fonctionnaire de France". C'est lui en tout cas qui bénéficie de la plus forte rémunération de toute la fonction publique. Le vice-président du Conseil d'État a aussi des pouvoirs de gestion sur les juridictions administratives de droit commun, tribunaux administratifs et Cours administratives d'appel. Outre le vice-président, le Conseil d'État se compose de présidents de section, de conseillers d'État en service ordinaire, de conseillers d'Etat en service extraordinaire, de maîtres des requêtes et d'auditeurs. Les auditeurs sont recrutés normalement parmi les élèves de l'École nationale d'administration et peuvent ensuite s'élever dans la hiérarchie, mais sous certaines conditions, les magistrats membres du Conseil d'État peuvent être nommés parmi les membres des autres juridictions administratives ou parmi d'autres fonctionnaires au tour extérieur. Quant aux conseillers d'État en service extraordinaire, ce sont des personnes attachées au Conseil d'État pour quatre ans et qui ne participent qu'à sa fonction consultative ; elles sont choisies en fonction de leur expérience professionnelle.
Le Conseil d'État se compose de six sections :
- la section de l'Intérieur
- la section des Finances
- la section des Travaux publics
- la section Sociale
- la section du rapport et des études
- la section du contentieux, divisée en sous-sections
Les services administratifs du Conseil d'État sont placés sous l'autorité du vice-président et gérés par un secrétaire général choisi parmi les conseillers d'État ou les maîtres des requêtes et assisté de deux secrétaires généraux adjoints.
Rôle du Conseil d'État
Le Conseil d'État dans son rôle de conseiller du Gouvernement
Le Conseil d'État est consulté obligatoirement par le Gouvernement sur les projets de lois avant leur soumission au Parlement. Il est de même consulté sur les projets d'ordonnances. Dans ces deux cas, l'avis est purement consultatif. Le Conseil d'État est encore saisi des projets de décrets dits "en Conseil d'État". Les "décrets en Conseil d'État" sont soit des décrets autonomes, soit des décrets d'application prévus par d'autres textes. Le Gouvernement peut aussi, de sa propre initiative, soumettre au Conseil d'État un autre projet de texte. Pour les décrets en Conseil d'État, le Gouvernement est moins libre. S'il refuse les modifications demandées par le Conseil d'État, il ne peut que prendre le texte initialement prévu. Il ne peut pas, par exemple, accepter certaines modifications et pas d'autres, sans consulter à nouveau le Conseil d'État. Enfin, certains textes prévoient que des décrets doivent être pris "sur l'avis conforme du Conseil d'État". Dans ce cas, le Gouvernement est lié par l'avis du Conseil d'État, ce qui revient à laisser cette assemblée maîtresse de la décision. Il en est ainsi pour la déchéance de la nationalité française d'un étranger naturalisé par décret, ou du classement d'un bien comme historique en cas d'opposition du propriétaire.
Le Conseil d'État statuant au contentieux
Le Conseil d'État est aussi une juridiction administrative qui se prononce, suivant les cas, comme tribunal de cassation, comme tribunal d'appel ou en premier et dernier ressort.
Compétence du Conseil d'État comme juge de cassation
Le Conseil d'État est saisi des pourvois en cassation dirigés contre les jugements et arrêts rendus par :
- les Cours administratives d'appel
- les tribunaux administratifs supérieurs
- la Cour des comptes
- le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche statuant en formation disciplinaire
- les Conseils nationaux de l'ordre des médecins et des pharmaciens.
Quand il est juge de cassation, le Conseil d'État ne discute pas les faits de la cause, il vérifie seulement si le droit a bien été appliqué. S'il casse un arrêt, et seulement dans ce cas, le Conseil d'État peut renvoyer la cause devant un autre tribunal de même degré ou devant la juridiction qui l'a rendu qui, dans ce cas, est composée autrement quand cela est possible. Le Conseil d'État qui a cassé un arrêt peut aussi, suivant les circonstances, trancher le fond du litige.
Par son rôle de juge de cassation, le Conseil d'État favorise l'unité de la jurisprudence administrative.
Compétence du Conseil d'État comme juge d'appel
Le Conseil d'État examine les appels contre les jugements prononcés dans certaines matières. C'est notamment le cas pour certaines élections considérées comme non politiques : élections municipales et cantonales. Pour plus de détail, voir l'article Contentieux électoral.
Le Conseil d'État est également juge d'appel du contentieux des arrêtés de reconduite à la frontière. Pour plus de détail, voir droit des étrangers.
Compétence du Conseil d'État en premier et dernier ressort
Certains litiges sont tranchés par le Conseil d'État en premier et dernier ressort.
Tel est le cas :
- pour les litiges pour lesquels aucun tribunal administratif n'est compétent en raison de l'étendue géographique du litige dans le ressort de plusieurs tribunaux administratifs
- pour les litiges concernant la situation des fonctionnaires nommés par décret du Président de la République
- pour les recours en annulation ou en interprétation d'actes réglementaires de portée générale (ordonnances non ratifiées, décrets, arrêtés ministériels, circulaires)
- pour les recours contre certaines élections : députés européens, conseillers régionaux, membres des assemblées de collectivités et de pays d'outre-mer, membres de l'Assemblée des Français de l'étranger (Voir contentieux électoral)
- pour les recours contre les décisions de certaines autorités administratives indépendantes telles le Conseil supérieur de l'audiovisuel, l'Autorité des marchés financiers, etc.
- pour les recours contre les décisions du ministre chargé de l'économie, en matière de contrôle économique.
Procédure
Voir l'article Procédure administrative
Bibliographie
- Robinot, Yves ; Truchet, Didier, Le Conseil d'État (Paris : PUF, 2002)
- Arnoult, Eric ; Monnier, François, Le Conseil d'État : juger, conseiller, servir (Paris : Gallimard, 1999)
- Costa, Jean-Paul, Le Conseil d'État dans la société contemporaine (Paris : Economica, 1993)
- Stirn, Bernard, Le Conseil d'État, son rôle, sa jurisprudence (Paris : Hachette, 1991)
Site internet du Conseil d'État : http://www.conseil-etat.fr