Amnistie (fr)
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Extinction de la sanction pénale (fr)
L'amnistie est une mesure législative qui a pour effet de supprimer le caractère illicite de l'infraction. On dit que c'est une mesure d'oubli ou d'apaisement. Ex: après 1968. La plus fréquente est la loi d'amnistie à l'occasion de l'élection du Président de la République.
Les conditions
Les conditions ne sont pas fixées par le Code pénal, mais par chaque loi d'amnistie. La Loi n° 95-884 du 3 août 1995 portant amnistie, fixe une date-butoir avant laquelle une infraction doit avoir été commise pour pouvoir être amnistiée. Cette date-butoir est le 28 mai 1995. Il y a tout d'abord les infractions qui sont automatiquement amnistiées. Ex: toutes les contraventions, les délits pour lesquels seule une peine d'amende est prévue.
Sont également amnistiés certains délits, qui sont punis par le texte d'incrimination d'une peine d'emprisonnement de moins de dix ans. Ex: délits prévus par la loi de 1981 sur la liberté de la presse, délits commis à l'occasion d'un conflit du travail, conflits en relation avec le domaine agricole, conflits en relation avec les élections, délits commis à l'occasion d'un conflit de l'enseignement.
Sont amnistiés certains délits commis avant le 18 mai 1995, qui ont été punis par un tribunal d'une peine inférieure à un certain montant; ce sont les infractions qui ont été punies par un tribunal d'un emprisonnement n'excédant pas trois mois sans sursis ou avec sursis avec mise à l'épreuve ainsi que les infractions punies d'un emprisonnement n'excédant pas neuf mois avec sursis simple.
Par conséquent, pour certaines infractions, l'amnistie va dépendre du montant de la peine prononcée. On parle parfois d'amnistie judiciaire.
Dans certains cas, l'amnistie peut être décidée par le Président de la République lui-même. Il s'agit bien d'une loi d'amnistie (et non d'une grâce), mais qui délègue au Président de la République la possibilité d'amnistier certaines infractions. Le Président peut alors amnistier individuellement. Par exemple, l'art. 10 6° de la loi n° 2002-1062 du 6 août 2002 portant amnistie dispose :
- « Le Président de la République peut admettre, par décret, au bénéfice de l'amnistie les personnes physiques poursuivies ou condamnées pour toute infraction commise avant le 17 mai 2002, à l'exception des infractions qui sont exclues du bénéfice de l'amnistie en application de l'article 14 dès lors que ces personnes n'ont pas, avant cette infraction, fait l'objet d'une condamnation à une peine privative de liberté pour un crime ou un délit de droit commun et qu'elles appartiennent à l'une des catégories ci-après : (...)
- 6° Personnes qui se sont distinguées d'une manière exceptionnelle dans les domaines humanitaire, culturel, sportif, scientifique ou économique ».
Ainsi, « le président Jacques Chirac a "décidé de prendre une mesure d'amnistie individuelle" en faveur de l'ancien champion olympique Guy Drut, condamné en octobre dernier à 15 mois de prison avec sursis dans l'affaire des marchés publics de la région Ile-de-France » (dépêche AFP du 25 mai 2006 23h49). Notons que cette condamnation aurait empêché l'ancien ministre de siéger au CIO, mais qu'il avait renoncé à interjeter appel.
Enfin, chaque loi d'amnistie exclut certaines infractions du bénéfice de l'amnistie La loi de 1995 exclut du bénéfice de cette loi les délits portant atteinte à l'environnement, les infractions fiscales, les infractions de proxénétisme et le trafic de stupéfiants.
Les effets de l'amnistie
Il faut ici faire une grande distinction selon que la loi d'amnistie entre en vigueur avant ou après un jugement définitif de condamnation. Si l'amnistie intervient avant la fin du procès, elle met fin au procès pénal; elle éteint l'action publique, sauf lorsque le bénéfice de l'amnistie dépend du montant de la sanction pénale. Dans ce cas, il faut poursuivre le procès. Si l'amnistie intervient après un jugement définitif de condamnation, l'art. 133-9 du Code pénal énonce que l'amnistie entraîne la remise de toutes les peines principales et complémentaires.
Néanmoins, une loi d'amnistie peut exclure de l'extinction certaines peines. Dans la loi de 1995, sont exclues de l'extinction l'interdiction de séjour, la privation des droits civiques, la dissolution des personnes morales, les mesures éducatives prononcées contre les mineurs. D'autre part, une amnistie a aussi pour effet d'éteindre la peine elle-même, qui cessera d'exister au casier judiciaire, y compris au B1.
Le même effet se produit par amnistie individuelle du Président de la République, contrairement à la grâce.
Les lois d'amnistie ne distinguent pas les personnes physiques des personnes morales.
Liens externes
- Guy Drut au procès des marchés publics d'Ile-de-France : "Il paraît que je fais impression", P. ROBERT-DIARD, article paru dans Le Monde du 10 mai 2005, mis à jour le 25 mai 2006
- L'amnistie de Guy Drut, blog de Maître Eolas